Le boulot qui cache la forêt by Mangot Mickaël

Auteur:Mangot, Mickaël [Mangot, Mickaël]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Essai, France, Emploi
Éditeur: Larousse
Publié: 2017-09-15T00:00:00+00:00

La retraite, ce Graal moderne ?

La plaie psychologique créée par le chômage (involontaire) se cicatrise seulement quand l’individu quitte le chômage pour partir à la retraite. Il retrouve alors immédiatement un niveau de satisfaction de la vie bien supérieur, identique à celui des retraités n’ayant pas connu le chômage23.

Justement, la retraite. Si longtemps elle fut synonyme de misère et de santé déclinante ; au fil des générations son image s’est transformée. Portés par des pensions et un patrimoine souvent confortables24, les retraités semblent aujourd’hui profiter de la vie, ayant le temps et l’énergie d’enchaîner les activités sportives, culturelles, récréatives et sociales, quand ils ne sont pas en voyage. Si bien qu’aujourd’hui, selon une enquête internationale diligentée par la banque HSBC, 77 % des actifs français de plus de quarante-cinq ans souhaiteraient partir en retraite dans les cinq années à venir s’ils le pouvaient (65 % au niveau mondial)25.

Pourtant la retraite pourrait aussi être vécue comme un choc. C’est la fin brutale de la vie productive, en tout cas la fin du travail. L’agenda est beaucoup plus vide et l’on perd progressivement de vue ses anciens collègues. Et puis, même si les retraites sont élevées (par rapport aux salaires des actifs plus jeunes), elles restent inférieures aux derniers salaires touchés (le taux de remplacement moyen est de 70 % en France), entraînant une baisse significative du pouvoir d’achat.

Au final, les retraités sont-ils des gens plutôt heureux ? Les études obtiennent des résultats qui alternent entre un impact non significatif et une légère amélioration du bien-être psychologique au moment du passage en retraite. Ces résultats montrent que la retraite n’est en aucun cas un choc aussi néfaste que le chômage. Dans les faits, on cesse de la même manière d’être utile économiquement mais, et la différence est importante, on ne souffre pas à la retraite du stigmate social attaché au chômage.

Mais ce qui ressort surtout de ces travaux est qu’il existe plusieurs trajectoires de transition de l’emploi à la retraite. Si la grande majorité (de 70 % à 90 % des personnes) ne connaît pas de grands changements de satisfaction de la vie entre la période avant et après le passage en retraite, une petite minorité connaît soit une nette dégradation, soit une nette amélioration26.

Au final, l’effet de la retraite sur le bonheur dépendra de plusieurs facteurs que les chercheurs ont pu identifier27 : des revenus (absolus et relatifs à ceux des proches) élevés, conformes aux attentes, qui ne souffrent pas d’incertitude ; une santé bonne et stable ; être en couple et avoir un conjoint qui est aussi à la retraite ; un départ en retraite volontaire (et non dû à des raisons de santé, au chômage, à une obligation légale…) et planifié en amont ; un travail qui n’occupait pas une place trop centrale dans la vie et l’identité de la personne ; une représentation positive de la retraite (comme la continuité de la vie d’avant ou un nouveau départ) ; et enfin des journées occupées par du travail à

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